En mars 2017, le Secours Catholique de Toulouse a ouvert la première « maison digitale » de la région. Depuis 10 mois, 12 femmes en situation précaire assistent à des cours d’informatique. Une véritable révolution pour ces femmes, coupées du monde numérique.
De nos jours, vivre sans internet est inconcevable. La plupart des pensionnaires de la Cité Vélane de Toulouse n’ont jamais eu accès à un ordinateur de leur vie. Depuis le printemps dernier, la « maison digitale » permet à 12 d’entre elles de recevoir des cours en informatique. La fondation Orange, instigatrice du projet, a permis l’installation de 7 ordinateurs et les cours sont assurés bénévolement par un informaticien professionnel.
« Notre souhait était de faciliter l’accès à l’emploi de dizaines de femmes isolées », explique Morgane Escaffre, cadre administratif à l’association des Cités du Secours Catholique. Un souhait exaucé pour certaines d’entre elles. « Faire son CV, s’inscrire en ligne ou lire ses mails. Tout ça n’était pas possible avant », raconte Élisabeth, 53 ans, présente depuis le lancement de la « maison digitale ».
Des gestes qui semblent ordinaires mais qui sont indispensables dans la vie professionnelle. « Aujourd’hui, je peux prendre des rendez-vous administratifs, gérer mes impôts et m’inscrire au Pôle emploi. Je me débrouille bien, donc j’aide les autres. Par exemple, j’ai aidé une des filles du groupe à faire son CV et la semaine dernière elle a trouvé un boulot… je suis trop contente » poursuit-elle.
Élisabeth aime tellement ces cours qu’elle milite pour leur démocratisation. Elle a même quelques idées à proposer. « Ce serait bien que les filles qui ont suivies les cours puissent elles aussi donner des cours aux nouvelles arrivantes. Ça créé des liens entre nous et il faut moins de bénévoles » dit-elle en rigolant.
« S’ouvrir au monde »
La « maison digitale » est accessible même en dehors des heures de cours. L’opportunité pour ces femmes de « s’ouvrir au monde » selon Morgane Escaffre, cadre administratif. Térésa, une jeune femme en fauteuil roulant de 26 ans, se réjouit de cette « nouvelle vie ». « Je peux parler à mes proches qui sont à des milliers de kilomètres d’ici. Je prie pour que toutes les femmes aient la chance d’accéder à un ordinateur », ajoute-t-elle, la voix tremblante. « Je suis arrivée en France depuis seulement 2 mois. J’étais toute seule, et je voyais ce groupe se réunir souvent. Je me suis renseigné et j’ai rejoint les cours. C’était une opportunité exceptionnelle », raconte Térésa.
Écouter de la musique, regarder des films, lire les actualités… Ces petits moments du quotidien, désormais possible grâce à internet, rendent la vie de ces femmes plus facile. Le projet de « maison digitale » est initialement prévu pour une durée d’un an, mais les négociations ont déjà commencé pour renouveler l’expérience. Élisabeth, Térésa et toutes les diplômées espèrent que l’aventure ne fait que commencer. Pour Morgan Escaffre, « au vu de l’énorme engouement et des retours positifs, le renouvellement pour 2018 est en bonne voie ».