Une étude publiée hier, par le Centre Hubertine Auclert, dénonce un déséquilibre femmes-hommes. Des stéréotypes sexistes sont d’ailleurs toujours présents dans les manuels scolaires.
«On dirait que c’est tabou, ils n’en parlent pas à l’école.» Victoria, mère de trois enfants, rejoint le bilan du Centre parisien Hubertine Auclert. D’après leur étude, les sujets masculins représentent les deux tiers des 3695 personnages évoqués dans les livres d’éducation civique, contre un tiers pour les sujets féminins. Pour cette mère de famille, une telle représentation «a forcément un impact sur les adolescents. J’ai une fille à qui je n’ai jamais eu à demander de débarrasser ses couverts après manger alors que pour mes garçons c’est la guerre à chaque fois. Pourtant, je leur ai donné la même éducation.» Victoria voudrait que la parole se libère à l’école : «Ça serait bien qu’ils aient un vrai programme intégré à un cours, pas seulement une double page dans un livre, pour leur parler de ce sujet.» Un constat partagé par Efflam, élève en cinquième : «En éducation civique et morale (EMC), on ne l’a même pas encore abordé alors qu’on a une double page qui en parle dans le manuel.»
« Le conditionnement sexiste est ancré en nous »
«Les manuels ne sont qu’un support occasionnel». Pour Marie Poulain, directrice adjointe dans un collège de Fréjus, ils n’ont pas un impact direct sur la représentation du monde faite par les adolescents. «Le conditionnement sexiste qu’on a de la représentation de la femme est ancré en nous depuis longtemps. Ce n’est pas une modification des manuels qui fera tout.» Les cours d’EMC, d’après la directrice adjointe, visent à enseigner les valeurs de la république, dont l’égalité fait partie, et à dénoncer les discriminations en tout genre. «Un comble surtout quand on pense que les femmes sont majoritairement représentées dans l‘éducation nationale !»