Il y a 30 ans naissait le festival Cinélatino. Un événement mis en place, à ses débuts, pour faire connaître des films marginalisés par les circuits de distribution classique. Au fil des années, le festival est allé bien plus loin et est devenu un lieu de débat et d’échange. Un lieu où, dès vendredi 16 mars, quelques associations vont présenter des films avec des thèmes sociétaux qui leur tiennent à cœur.
«Le Cinélatino est une vitrine idéale pour présenter des films centrés sur les luttes sociales en Amérique latine». El Cambuche, collectif toulousain de solidarité avec les luttes en Amérique latine, existe depuis une quinzaine d’années, insufflé par le Cinélatino. «Au départ, nous étions un collectif de collectif qui se réunissait lors du Cinélatino pour proposer des films. Petit à petit El Cambuche a commencé à exister par lui-même», raconte Glenn, l’un de ses membres. Le collectif présente de nombreux films pour faire connaître les résistances populaires des pays latinos-américains. «Lors du festival, on est là pour relayer les luttes qui se passent là-bas, les faire connaître, en discuter. C’est important pour nous que les projections soient suivies de débats avec le public. Et ceci, afin de permettre l’échange et de rendre compte des réalités de là-bas», explique Glenn. Cette année, El Cambuche présente 10 films qui abordent, entre autres, la candidature du conseil national indigène du Mexique, la vie de Camilo Torres, prêtre révolutionnaire colombien, ou encore la disparition des traditions latines. Des thématiques variées mais toujours avec cette volonté d’aborder les luttes, les actions, et les mouvements sociaux d’Amérique latine. Le Cinélatino est un lieu idéal pour permettre à ces collectifs d’aborder diverses thématiques sociales tout en étant sûr de toucher un public assez large. «Il y a du monde intéressé par ces sujets-là, au festival, et ça nous donne une plus grande visibilité».
«Donner envie d’aller vers les autres»
«L’idée, c’est de passer à la fois un moment agréable en regardant un film et de prolonger ce moment avec un débat». Pour les représentants du Collectif d’Entraide et d’Innovation Sociale (CEDIS), le Cinélatino est, depuis 4 ans, l’occasion d’aborder un thème pour lequel ils mènent des actions au quotidien. «On aide des centaines de migrants qui vivent soit à la rue soit dans des squats ou des bidonvilles». L’immigration est au cœur de leur problématique. Ils luttent contre les exclusions et aident les personnes privées de logement ou avec des difficultés d’accès à l’alimentation, à la santé, à l’emploi et à la culture. «Cette année on a choisi un film qui concerne l’exil. On a prévu de faire intervenir des personnes qui l’ont vécu lors du débat, après la projection». Le film sélectionné par l’association, Otra isla de Heidi Hassan, aborde l’émigration de Cubains en Espagne, un thème qui colle parfaitement à l’actualité, pour le CEDIS. «Évidemment, aujourd’hui, il y a peu d’exilés cubains à Toulouse. Par contre, on a beaucoup d’autres exilés et le parallèle qui peut être fait est assez fort et impactant». Cette volonté de faire comprendre au public les enjeux et les difficultés de l’exil n’est pas sans incidence. «Grâce au Cinélatino nous pouvons nous faire connaître plus facilement et toucher les gens avec plus d’impact. C’est un bon moyen de leur donner envie d’aller vers les autres et de nous rejoindre dans nos actions».