Depuis plusieurs mois, les universités de Toulouse sont dans la tourmente. À Jean-Jaurès, étudiants et personnel sont vent debout contre le projet de fusion des universités.
Amphithéâtres déserts, salles barricadées, entrées sur demande, on se croirait presque dans un «No man’s land». Et pour cause : le blocage total de l’établissement est entré dans le dur la semaine dernière. Concrètement, le projet «Universités de Toulouse», ou UNITI 2018, prévoit l’intégration des trois universités de la Ville rose et vise à obtenir de nouveau le label Idex et les millions d’euros de subventions qui y sont associés. Une course à l’excellence qui fait grincer les dents des syndicats : mais si la fusion était finalement une bonne chose ? C’est l’avis de l’Université Fédérale de Toulouse – UFD – qui tient à mettre les choses au point : «On ne parle pas de fusion, mais d’intégration. Dans une fusion la gouvernance est centralisée et ce n’est pas ce que nous proposons. Il y aura une gouvernance de proximité dans chaque établissement». L’objectif d’UNITI 2018 est de peser sur le marché international universitaire et de donner un vrai rayonnement aux établissements toulousains.
Un projet qui divise
À Toulouse, des votes ont eu lieu dans les universités et ont révélé des disparités. L’ancienne faculté du Mirail – UT2 – s’est prononcée majoritairement contre, mais à Paul-Sabatier, c’est le oui qui l’a emporté. Les syndicats considèrent que ce projet pourrait entrainer une hausse des frais de scolarité et une sélection plus accrue lors des inscriptions ; tout comme l’abandon des filières les moins lucratives. Hervé Petit est membre de la FSU et s’inquiète des conséquences : «C’est la négation totale de la démocratie universitaire ! C’est un Conseil d’Administration Stratégique qui déciderait de tout et quand il devra choisir entre la chimie et la biotechnologie ou entre les Lettres modernes et la psychologie, on connait déjà leur choix. C’est la fin annoncée de certaines de nos filières».
Entre les syndicats et l’Université Fédérale de Toulouse, les discussions sont au point mort : «Les syndicalistes ne veulent pas nous rencontrer et tiennent un discours anxiogène sur la situation», déclare l’UFD. Les subventions liées au label permettraient pourtant le développement de nouveaux parcours de formation et de recherche et il répondrait aussi aux besoins en termes de ressources humaines. Mais du côté des étudiants c’est le même mécontentement. Paul* étudie la sociologie à l’Université Jean-Jaurès et même s’il est contre le projet d’intégration, il ne soutient pas la grève illimitée : «Évidemment que je suis opposé à ce projet, car je défends l’autonomie des universités, mais je ne peux plus aller en cours à cause des blocages et je pense qu’il existe d’autres recours». Reste que le conflit continue et que le blocage du campus de l’UT2 a été voté jusqu’au 19 mars inclus.
*Le prénom a été modifié