La situation s’envenime du coté de l’université Jean Jaurès où des grèves et blocages sont organisés depuis février pour protester contre une éventuelle fusion avec l’université Paul Sabatier, l’INP et l’INSA. Ce jeudi 15 mars, les étudiants et le corps enseignant étaient réunis en assemblée générale pour voter la poursuite ou non du blocage et des grèves de l’université. L’occasion pour le Département d’Étude du Français Langue Étrangère (DEFLE) d’alerter le comité de mobilisation de la situation critique dans laquelle sont bloqués les étudiants de cette filière.
« Si le blocage est maintenu, vous saurez précisément votre part de responsabilité dans l’échec des étudiants étrangers » affirme Anne Le Groi, porte parole du DEFLE sous les huées d’une assemblée générale électrique. Dans un amphithéâtre bondé , les slogans revendicateurs ont la part belle et les revendications s’enchaînent. Le sort des étudiants étrangers fait débat. « Les élèves n’ayant pas encore intégré l’université ont passé des examens de certification de langue anticipés en février dernier car les procédures sont souvent longues à l’étranger. Or, les feuilles de copies sont condamnées dans les salles et ils n’ont donc pas accès à leurs résultats. C’est un gros problème puisqu’ils en ont besoin pour valider leurs admissions. L’entrée à l’université implique de réels sacrifices financiers car le coût de la vie en France est bien plus élevé que dans leurs pays respectifs, il ne faut donc pas prendre les choses à la légère » s’exclame Halima Sahraoui, enseignant chercheur et directrice du DEFLE. A l’extérieur, des montagnes de chaises et d’objets en tout genre empêchent l’entrée au département. Certains élèves s’arrêtent même pour prendre des photos tant la scène est surréaliste. Les épreuves du contrôle terminal ont lieu le 5 mai prochain. Les étudiants en Français Langue Étrangère, ne pouvant pas accéder aux cours, prennent actuellement un retard considérable sur le programme. D’autant plus qu’ils devront rembourser les bourses qui leur ont été accordées en cas d’échec. « On leur envoie parfois des cours par correspondance mais c’est trop léger pour prétendre réussir le jour de l’examen, le retour à la normale est désormais urgent » ajoute Anne Le Groi, dont la voix est couverte par les applaudissements dans l’amphithéâtre.
Les avis divergent au sein du DEFLE
Cependant, tous ne sont pas opposés au blocage. Certains étudiants, bien qu’ils soient conscients des dommages que pourrait infliger la fusion souhaitent tout de même continuer le blocage et aller jusqu’au bout. Assis à gauche dans l’amphithéâtre, ils n’hésitent pas à faire entendre leurs voix lorsqu’ils sont en désaccord avec certains intervenants. C’est le cas d’Aboubacar Bangoura, étudiant en deuxième année de Français Langue Étrangère. « Ces blocages empêchent tous les élèves d’aller en cours, c’est vrai, mais on ne bloque pas juste pour bloquer, il y a de vraies revendications derrière nos actions. Personnellement, je pense que c’est le meilleur moyen pour empêcher la fusion alors il faut continuer. ». Si le projet de fusion entre en vigueur, les tarifs d’entrée au département augmenteront, ce qui rendra l’entrée à l’université encore plus difficile pour les étudiants étrangers, mais ce n’est pas tout. « En plus de l’augmentation des prix, une sélection en fonction des pays sera aussi instaurée, c’est une honte. Je pense que les chercheurs enseignants devraient traiter le problème autrement. S’il y a une pression à exercer, ce n’est pas contre le comité de mobilisation mais contre le président. » Daniel Lacroix, président de l’université est pointé du doigt par la majorité des élèves comme le principal responsable de la fusion. Le sort des étudiants étrangers de l’université sera scellé le 22 mars, date de la décision finale.