Le magazine National Geographic a publié un édito ce lundi s’excusant sur de précédents reportages racistes. Une question délicate sur laquelle revient l’historienne Hélène Champchesnel de la création du média en 1888 à nos jours.
« Pendant des décennies, nos reportages étaient racistes », c’est ce qu’affirme la rédactrice en chef du magazine National Geographic (NG), Susan Goldberg. Suite à une étude de l’historien John Edwin Mason au sujet de la représentation des personnes de couleur dans leur magazine, ce média américain s’est rendu compte de la manière dont celles-ci ont été décrites le siècle passé. National Geographic a donc présenté des excuses publiques dans un étonnant édito prévu dans le prochain numéro du mois d’avril.
Le magazine a fêté ses 130 ans cette année, mais à l’époque de sa création, point culminant de la colonisation, la vision des populations était bien différente. Dans un article de datant de 1916, des photos d’Aborigènes ont été légendées d’une manière surprenante : « Deux noirs sud-australiens : ces sauvages se classent parmi les moins intelligents de tous les êtres humains », Susan Goldberg en est restée « sans voix ». L’historienne Hélène Champchesnel a recontextualisé la société du siècle précédent : « Habité par une vision paternaliste de la société, le fait colonial était, il faut bien le reconnaitre, perçu par les occidentaux comme un outil de progrès. Les journalistes du NG appartenaient à cette communauté de pensée ».
Début de la rédemption ?
Face à cette classification des populations, Hélène Champchesnel a révélé que « si aujourd’hui nous remettons en cause haut et fort un certain nombre de ces représentations sociales, nous n’en continuons pas moins de porter cet héritage ».
Or l’édito de la rédactrice en chef du National Geographic « ne peut qu’être salué », a affirmé l’historienne avant d’ajouter, « regarder la réalité en face, assumer son passé et mieux, chercher à analyser les logiques de cette histoire, démontre une position réflexive et intelligente toute à l’honneur de la revue et de sa rédactrice en chef. Il y a fort à parier que de cette réflexion, le National Geographic saura se bâtir un nouvel avenir tout à la fois empreint de ses racines telle son ouverture sur le monde, mais désormais pleinement conscient de son rôle social, voire politique, dans les combats d’aujourd’hui ».