Le Mirail est en crise. Depuis plus de quatre semaines l’université Toulouse II Jean Jaurès tourne au rythme des assemblées générales. Les étudiants ne peuvent plus se rendre en cours, le site est bloqué.
Cette situation atteint aujourd’hui un point culminant. Pourtant, cela fait des mois que la fac « lutte » comme c’est écrit sur les murs des batiments. C’est le 14 décembre que le personnel s’est mis en grève. Il protestait contre la fusion des universités, un projet qui date de 2011. Cependant, Toulouse avait perdu le label Idex ( initiative d’excellence ) en avril 2016. Le gouvernement avait alors fixé un sursis de 18 mois. Le nouveau projet avait pour but de rapprocher l’Université Jean – Jaurès, l’Université Paul Sabatier, L’institut National Polytechnique de Toulouse et l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse. D’importantes subventions étaient en jeu. Daniel Lacroix, le Président de l’Université du Mirail à cette période « n’a pas tenu son programme sur lequel il avait été élu en votant pour la fusion » estiment les opposants au projet. Un acte vécu comme une « trahison » pour Hervé Petit, responsable FSU à l’université.
Le 22 janvier, les étudiants ont rejoint cette mobilisation. Depuis la fac est au point mort.
La situation aujourd’hui
Aujourd’hui, la situation reste critique. Richard Laganier, administrateur provisoire a remplacé le Président. Mais les manifestants n’estiment pas avoir obtenu gain de cause. Des assemblées générales s’organisent en semaine. Lundi, ils étaient des centaines d’étudiants à se rendre dans le grand amphi. Ce sont eux qui ont voté pour la reconduction du blocus. C’est le cas de Mélissa, étudiante en master de langues étrangères appliquées « Je pense qu’il faut que ça continue parce que ça serait bête d’arrêter de se mobiliser au moment ou le gouvernement commence à en avoir quelque chose à faire » Effectivement ce mouvement commence à faire du bruit. L’Université de la Sorbonne de Paris, aussi en grève a affiché son soutien à Toulouse sur une banderole.
Le problème de ces AG, c’est qu’elle ne représente que « 6% des étudiants » explique Mathilde, étudiante en licence. « Le clivage pro ou contre le blocus dessert les deux partis et cristallisent des tensions qui pour moi, ne se résoudront que si la fac réouvre, car beaucoup d’anti-blocus ne viennent pas aux AG et le dialogue au sein même des étudiants est rompu. »
Désormais, le projet de fusion est « suspendu » une première victoire pour les opposants, mais qui ne se « font pas d’illusion » en témoigne Xavier Lambert, professeur d’art plastique qui pense que « le blocage n’a plus de raison d’être. Il faut qu’on reste mobilisé, notamment sur la loi orientation et réussite des étudiants. Mais il peut y avoir d’autres modalité d’action et que le blocage. Il va poser des tas de problèmes pédagogique, administratif, financier. Je ne sais pas comment on va s’en sortir. » Au total, on estime à 200 000 euros le montant des dégâts. Ce moyen d’action commence donc à être de plus en plus remis en question comme l’explique Hervé Petit. « Le blocage par rapport à la semaine dernière, il fallait le maintenir puisqu’on avait un coup de massue politique avec la mise en place de l’administrateur provisoire. Maintenant la question de trouver de nouvelle forme de lutte se pose. » Pourtant, lors des assemblées générale, le blocus garde la majorité.
Un nouveau problème va désormais se poser aux étudiants. Les partiels. Comment réussir les examens sans avoir été en cours. Actuellement, des pourparlers se font pour que les étudiants valident les épreuves avec une moyenne de 10 améliorable.