C’est un mardi noir pour les transports partout en France. Les Toulousains ont commencé, eux aussi, leur semaine de galère.
Le hall de la gare Matabiau est vide. Les voyageurs habituellement attroupés à cet endroit ont disparu. Sur les quais, pas de train, pas d’usagers non plus. Les seules personnes présentes sont des journalistes venus couvrir cette grève. Dans les couloirs, on entend le bruit des pas des quelques passants qui rejoignent le métro. Il est 10h, le trafic est extrêmement perturbé, en témoigne le tableau d’affichage. Bordeaux, Tarbes, Pau, Marseille, toutes ces destinations ne seront pas desservies aujourd’hui. La majorité des trains sont remplacés par des bus. Une manière pour la SNCF de ne pas totalement laisser tomber ses usagers. Cela s’avère tout de même bien moins efficace à l’image de la situation de Sébastien. Ce Parisien se rend dans la région pour ses vacances. Il vient de faire 10h de trajet depuis la capitale. « Je devais arriver ce matin dans un petit village aux alentours de Toulouse, malheureusement, je suis bloqué ici, dans la gare Matabiau, car il n’y a pas de trains. Je suis obligé d’attendre 16h pour prendre un bus. » Pour combler ces 6 heures, Sébastien pense aller voir un film au cinéma après avoir pris un café servi quelques mètres plus loin par des employés de la SNCF. Des cafetières et quelques gobelets blancs sont éparpillés sur une table ou le peu de passagers se succède pour profiter de ce léger avantage qu’entraîne la grève.
Pendant ce temps-là, dans le long couloir qui dessert les quais, les syndicalistes se succèdent. Tous s’engouffrent dans une pièce où se déroule l’assemblée générale des cheminots. FO, CGT, Sud rail, c’est un défilé. Joël Roza secrétaire de la CFDT cheminot Occitanie s’apprête à rejoindre cette réunion. Ce quinquagénaire entouré d’employés de la SNCF porte un gilet et un drapeau aux couleurs du syndicat. « Le mouvement est très suivi dans le sud-ouest explique-t-il quasiment aucun train ne circule. Seulement quelques navettes vers Montauban et Portet Saint-Simon. Cela montre la colère des cheminots. Ils refusent en bloc cette réforme faite sans concertation. » La SNCF avait justement prévenu les usagers d’éviter de prendre le train ce jour- là. Un appel entendu estime Joël Roza. « De façon surprenante, il semblerait qu’il n’y ait pas eu trop de problèmes. Le fait d’avoir prévenu les usagers avec un planning théorique leur permet de s’organiser ». Pas le choix pour les habitués de ce moyen de transport. Ils devront composer en fonction des jours de grève sur une durée pouvant aller jusqu’à trois mois.
La grève, un impact négatif sur les commerces
Les usagers ne sont pas les seuls à être embêté par ce mouvement social. La petite dizaine de commerces présents dans l’enceinte de la gare n’est pas ravie de cette situation. Les passagers se faisant rares, les boutiques sont quasiment désertes. « Les clients sont absents, constate Aurore, vendeuse chez Paul. Nous avons fermé le deuxième magasin de l’autre côté de la gare. Nous allons être contraints de réduire les effectifs, mais on essaye quand même de vendre le plus possible. » La vitrine reste emplie de baguettes, pâtisseries et autres sandwichs. Même problème quelques mètres en face chez Quick. Personne n’est attablé dans le restaurant, pourtant midi approche. La jeune serveuse Manon est seule accoudée au comptoir. Habillée de son uniforme rouge et noir, elle s’inquiète de la situation. « La grève a un fort impact sur nos chiffres. Jusqu’à 11h, on fait entre 100 et 150 euros. Là, je dois avoir 5 euros dans ma caisse depuis ce matin. » Une situation qui pourrait durer. L’assemblée générale des cheminots a voté pour que la grève soit reconduite mercredi à Toulouse. La SNCF a informé les Français que ces jours de grèves étalés sur plusieurs semaines pourraient continuer jusqu’à la fin du mois de juin. Les syndicats pensent pouvoir tenir plus longtemps s’ils n’obtiennent pas gain de cause.