Depuis 27 mars, l’ouvrage intitulé « PSG : révélations d’une révolution » est disponible. Paris United sort un livre aux éditions Amphora. Après le compte Twitter, le site et l’application mobile, le collectif se livre sans filet sur les coulisses du club parisien. Entretien avec Alexandre Couppey, l’un des auteurs du livre.
« Romain Arnaud : Comment vous est venue l’idée d’écrire sur les coulisses du PSG ? Alexandre Couppey : Le groupe Paris United s’est agrandi au fil du temps. On a livré beaucoup d’informations sur le mercato 2017. On a lancé notre site internet, on a commencé à écrire des articles de fond, de style. À partir de là, on a été contacté par les éditions « Amphora » qui ont vu notre potentiel. Très vite, ils nous ont demandé s’il était possible d’écrire un livre sur le Paris Saint-Germain, sur le même ton, le même esprit que nos articles. On a répondu par la positive, à condition d’avoir carte blanche, c’est-à-dire de ne pas faire un ouvrage de sensationnalisme ou qui recherche le buzz. R.A : Cette condition a-t-elle été respectée ? A.C : Oui, on a eu les mains libres. On avait certaines infos que l’on n’a pas sorties, car cela ne nous semblait pas important. Et on a essayé de faire un livre de révélations sur le Paris Saint-Germain, son fonctionnement depuis Doha, les dessous des transferts, surtout ceux de Neymar et de Mbappé, et les coulisses du club. Mais aussi, et c’est très important pour nous, c’est un livre de réflexion, d’analyse sur ce qu’est le PSG sur le plan européen, c’est-à-dire une anomalie, en étant force de proposition. Pour nous, une critique constructive n’est pas une critique pour nuire. On ne veut pas déstabiliser le club.
« Les relations avec les dirigeants du PSG sont très froides »
R.A : Ce livre a pour but de montrer aux supporters que «tout n’est pas rose » au PSG. Quel changement avez-vous trouvé entre la « remontada » en 2017 et aujourd’hui ? A.C : Il n’y a pas d’évolution, le PSG est toujours miné par les mêmes problèmes qui reviennent sans cesse. Peu importe qui ils sont, les noms changent, mais le problème reste entier. Il y a des carences constitutionnelles. Le Paris Saint-Germain manque d’une culture d’entreprise. Malheureusement, il y a trop de salariés dans ce club qui occupent des postes à haute responsabilité, mais qui privilégient leur carrière professionnelle, plutôt que la cause du club. C’est une constante à Paris. Il y a beaucoup de lutte d’influence, de guerre d’égos parce que ces gens sont essentiellement motivés par le pouvoir, par l’argent. R.A : Avez-vous rencontré les dirigeants du PSG, avant ou après la parution du livre ? A.C : On a été en contact un peu avant le livre par l’intermédiaire du service communication du PSG. Ils ont cherché à nous rencontrer, mais on ne pouvait pas à ce moment-là. On a proposé un autre rendez-vous téléphonique, qui a été refusé. Peut-être qu’ils l’ont mal pris, je ne sais pas. On n’a pas eu de réponse. À partir de là, il n’y a pas eu de contact avec le PSG. Mais ils ne sont pas contents de la sortie du livre, évidemment. Ils ont décidé de ne pas faire de communication à ce sujet. Les relations avec les dirigeants sont très froides. R.A : Cela vous dérange-t-il ? A.C : Non. On n’est pas au service du Paris Saint-Germain. On est un média partisan, on a un travail journalistique à faire et toujours dans l’idée de bienveillance et surtout de réussite du PSG. C’est ce que ne comprend pas le club.
R.A : Les « bonnes feuilles » ont fuité sur internet et ailleurs. Mais celles-ci sont loin de résumer votre œuvre. Comment avez-vous vécu ce moment, depuis la sortie, le 27 mars ? A.C : C’est un petit peu frustrant. Les « bonnes feuilles », ce ne sont que dix pages. Notre volonté, c’est de valoriser le Paris Saint-Germain, de rétablir certaines vérités et donner nos informations et pourquoi pas faire bouger les choses. C’est pour ça que c’est de la frustration qui se dégage parce que ce sont toujours les mêmes questions qui reviennent, mais en même temps, on n’a pas à se plaindre, c’est le jeu médiatique.
« Le biais partisan permet d’objectiver la subjectivité que l’on a tous. »
R.A : Vous être clairement partisan, supporter même. C’est assez nouveau en France. À l’étranger, la presse soutient souvent un club. Pensez-vous que l’on peut en arriver là en France ? A.C : C’est une très bonne question… Je ne sais pas mais en tout cas le contexte médiatique du PSG est trop nationalisé et pas assez parisianisé. Ce qui veut dire qu’il y a trop peu de médias parisiens et ça se ressent dans l’environnement du club. La réussite est plus simple quand il y a un ancrage identitaire et il en manque au Paris Saint-Germain, c’est ce qu’on dit dans le livre. En France, des médias partisans existent en politique. Le Figaro est un journal de droite, clairement. Libération est totalement partisan, parfaitement objectif, mais de gauche. Nous c’est la même chose. On critique le PSG quand il est critiquable, mais on souhaite la réussite du club. Ce qui veut dire que si, selon nos informations, une personne dans le club fait du mauvais boulot, on va le dire. Mais si c’est l’inverse, on va le dire aussi, là où, d’autres médias, agissent par intérêt. Le biais partisan permet d’objectiver la subjectivité que l’on a tous. R.A : Dans votre livre, vous parlez aussi de l’état du foot français, bien différent des autres championnats européens. Notamment dans le chapitre 5. Que craignez-vous pour la suite ? A.C : Le PSG, c’est une sorte de baleine dans une baignoire. Ils sont trop dimensionnés pour la Ligue 1. Parce que sous le double effet de la mondialisation, et de l’arrêt Bosman, vous avez des clubs et des championnats de plus en plus riches. Ça veut dire qu’aujourd’hui vous avez quatre championnats qui dominent complètement la scène européenne. Depuis Porto, en 2004, le vainqueur de la Ligue des Champions vient soit d’Italie, soit d’Angleterre, soit d’Allemagne ou d’Espagne. Je l’explique dans le livre, pour le PSG, il faudrait qu’il y ait des Marseille forts, des Lyon forts parce que le PSG est un peu bloqué, naufragé entre deux mondes. On ne peut pas les placer sur le même plan que les grands clubs des quatre autres championnats européens, mais on ne peut pas dire, aujourd’hui, que Paris est l’équivalent de Porto, de Benfica, de l’Ajax d’Amsterdam ou de Marseille. Le PSG est une sorte d’anomalie, un peu au milieu et qui est seul dans un océan désert. Il n’y a pas beaucoup de matchs de haut niveau pour Paris, et ce n’est la faute de personne. Il faudrait que le Championnat de France s’améliore. Mais est-ce qu’il va y arriver. Je ne sais pas. »