©MarieCampion.
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C’était un 13 avril 1946. Marthe Richard, ancienne prostituée et conseillère à la mairie de Paris, parvient à faire voter au conseil municipal une loi éponyme imposant la fermeture des maisons closes. Aujourd’hui, la profession n’est plus encadrée et les prostituées continuent d’arpenter les rues toulousaines. Et si la solution était de réinstaurer ces maisons du sexe ?

«Dans l’art de faire le trottoir, je le confesse, le plus difficile est de bien savoir jouer des fesses». Si Georges Brassens évoquait un des plus vieux métiers avec une pointe de sarcasme, le tableau est aujourd’hui devenu bien noir. Il y a 72 ans, une ancienne prostituée, Marthe Richard, déposait devant le conseil municipal de Paris un projet de loi visant à fermer les maisons closes. Quelques mois plus tard, plus de 1000 établissements seront contraints de plier boutique partout en France. On commémore aujourd’hui cette loi, dont l’application n’a pas pour autant empêché le commerce du sexe de se développer. À Toulouse, les prostituées sont de plus présentes sur les boulevards. Quartier Matabiau, boulevard des Minimes et même sur les bords du Canal, il n’est pas rare d’en croiser dès la tombée de la nuit. Depuis quelque temps, la prostitution se pratique même en plein jour, «une honte» pour Henri, un riverain qui habite près du Canal du Midi : «Je comprends bien qu’elles soient là pour gagner leur vie, mais elles me mettent mal à l’aise … Je passe à côté avec mes petits-enfants et elles sont à moitié nues» confie le sexagénaire. À Toulouse, des associations existent pour accompagner ces travailleuses du sexe, mais la plupart d’entre elles appartiennent à des réseaux de proxénètes, d’ailleurs régulièrement démantelés. Les enquêteurs de la police judiciaire de Toulouse ont interpellé plusieurs individus, non loin du quartier des Izards, il y a quelques mois seulement. Émilie Boutin est formatrice au sein de L’Amicale du Nid, une association qui accompagne au quotidien ceux et celles qui vendent leurs corps : «Est-ce que les maisons closes régleraient toutes les questions de sécurité et de violence ? Je ne le crois pas. Les femmes dans les rues sont des victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle» explique-t-elle.

Entre insécurité et esclavage

Une rue dans le quartier de la prostitution à Marseille Rodolphe © Archibald Reisse Archibald Reiss
Une rue dans le quartier de la prostitution à Marseille Rodolphe © Archibald Reiss

En France, les maisons closes ne sont plus autorisées depuis cette fameuse loi Marthe Richard, mais la prostitution, elle, est un commerce en expansion. Tous les soirs, Lola rentre chez elle du côté des Minimes et tous les soirs, elle croise les mêmes femmes : «Elles me font de la peine. Si elles avaient l’occasion de travailler dans des maisons closes, elles se sentiraient plus en sécurité et les gens du quartier aussi». Si les riverains de ces quartiers chauds sont presque unanimement favorables au retour de ces établissements du sexe, ce n’est pas le cas de L’Amicale du Nid : «Il s’avère qu’il y a des violences à l’intérieur des maisons closes même si l’on pourrait croire que les filles y sont protégées. Celles qui sont à l’intérieur disent qu’elles ne peuvent pas choisir alors que dans la rue, elles peuvent refuser des clients». Les maisons closes sont tolérées en Belgique, au Luxembourg et même en Catalogne, mais pourtant, le sujet continue de faire polémique en France et pour cause : «Il est extrêmement complexe, car il touche au sexe, à l’argent et à la politique» déclare Émilie Boutin. Alors même si le débat en est pour l’instant au point mort au niveau des instances gouvernementales, la France prend tout de même des mesures pour lutter contre la prostitution : arrêtés municipaux,
pénalisation des clients, renfort de la lutte contre le proxénétisme … Mais au fond, Henri estime que «Celles qui doivent choisir entre travailler dans des maisons closes ou sur les trottoirs, ce sont encore les prostituées elles-mêmes !».