Il n’y a pas qu’à Paris que des quidams sauvent des vies. La vidéo d’un jeune Malien venant en aide à un enfant a fait le tour des médias. Mamoudou Gassama, surnommé Spiderman, a sauvé un enfant de quatre ans d’une chute d’un immeuble parisien. À Toulouse, il est plus jeune, mais les épisodes qu’il a vécu sont aussi impressionnants. À 19 ans, Valentin Pailliez est déjà venu en aide à deux personnes et a réussi à éteindre une voiture en feu. Le jeune homme a reçu le prix du civisme 2018, un profil altruiste et déterminé qui mérite le détour.
«Valentin garde le meilleur et donne tout ce qu’il a pour aider son prochain » voilà comment le décrit Cédric Mariette 27 ans. Tout comme Valentin, il fait du triathlon à Toulouse. Lise quant à elle, connait le jeune homme depuis bientôt 2 ans. Ami de lycée elle dira de lui « Quand j’ai appris qu’il avait porté secours à deux personnes et éteint une voiture, je dois avouer que ça ne m’a pas étonnée.» Thomas renchérit : « Il est gentil, toujours là pour toi. Quand il m’a raconté ses épisodes héroïques, la première chose que je lui ai dit c’est « ça n’arrive qu’à toi ce genre d’histoire », mais en y repensant heureusement que cela n’arrive qu’à lui. S’il n’était pas passionné par les pompiers , ces personnes ne seraient peut-être plus en vie . » Ses amis n’ont pas été étonnés de savoir que Valentin avait remporté le prix de civisme. En termine de bac professionnel Accompagnement, soin et services à la personne (ASSP), ce jeune homme de 19 ans n’est pas comme les autres. Il se décrit comme le clown de la classe, le déconneur, mais aussi le fêtard. Mais attention, Valentin n’est pas un lycéen comme les autres. Il ne fume pas, ne boit pas, il fait énormément de sport, du décathlon notamment, c’est aussi un passionné d’aviation. En plus de tout cela, il a réalisé trois faits plutôt impressionnants. Là où certains auraient paniqué, lui a gardé son calme, son aide était précieuse. Alors retour en arrière.
Au bon endroit, au bon moment
Le premier épisode se passe en 2015, Valentin a 16 ans. En sortant de François Verdier, et comme tous les jours, il se rend au lycée. Pour une fois, il est un peu en retard. Et ce qu’il va arriver va le retarder davantage. Devant lui, une personne chute, il n’hésite pas. « L‘homme ne respirait plus. Je commence un massage cardiaque. Une personne appelle le Samu, une autre apporte un défibrillateur. »Pas de panique pour le jeune homme, il met en place ce qu’il a appris. Savoir faire le massage cardiaque, il le doit au PSC1 (Prévention et secours civiques) passage obligé pour les collégiens. Sa passion c’est les sapeurs-pompiers. Après trois semaines passées dans des casernes lors de sa troisième et de sa 2nde, le jeune a le réflexe de noter l’heure de l’arrêt du malade. À l’arrivée de l’ambulance, il donne l’information. Une fois son « travail » accompli, Valentin reprend hilare « je suis vite reparti pour aller encours. J’étais vraiment à la bourre. » Il n’a jamais su ce que l’homme était devenu, Valentin était loin de réaliser qu’il avait certainement sauvé une vie.« Quand je suis reparti, j’ai eu le contre coup. J’ai eu peur d’avoir mal fait le massage. J’ai appelé ma mère juste après, j’avais besoin d’évacuer. Mais sinon je n’en ai pas parlé autour de moi.»
C’est en mai 2017 que son courage et sa réactivité seront encore testés. Le deuxième épisode se déroule alors que Valentin rentre d’une fête un matin. Sur la route, il aperçoit de la fumée. Une voiture dans un jardin brûlait. Valentin ne réfléchit pas : il faut agir. En chemise et jean, il se rapproche et précise : « c‘était une voiture au gaz. Je me suis dit si elle continue à brûler ça va partir en 14 juillet. Il y avait aussi des bouteilles de gaz, je pense que c’était une fraude à l’assurance. C’était bizarre. » Là encore, son expérience aux côtés des sapeurs-pompiers se révèlera très utile. Pour éteindre la voiture, Valentin utilise un tuyau d’arrosage et la technique du 3/4 capot. Alors, lorsque les pompiers sont arrivés, le feu était presque éteint. La brigade de Colomiers reste étonnée, comment un jeune a-t-il pu éteindre ce feu ? Valentin précise son expérience et son désir de devenir pompier. Mais face aux explications, les combattants du feu ne sont pas contents. « Je me suis fait un peu engueulé parce qu’on ne va pas éteindre une voiture en feu en chemise et en pantalon…». Après cet épisode, Valentin a pu vaincre pour la première fois le feu : « Moi qui veux être pompier, j’étais très fier ! »
Un objectif : devenir pompier
Quant au troisième et dernier épisode, il s’est passé aux abords du marché Victor Hugo. Une dame tombe, le cuir chevelu saigne intensément, Valentin réalise des points de compressions. Mais cet élève sérieux ne perd pas le nord : « J’ai laissé ma place à un interne qui passait par là, j’étais vraiment en retour pour les cours… »
Valentin ne manque pas d’humour et cherche à relativiser ce qu’il a fait. En mars dernier, le jeune homme a reçu le prix du civisme de l’ordre national du Mérite. Le 16 mai, le lycéen était invité à s’exprimer lors des journées des rencontres de la fraternité . « Le préfet voulait que je parle. Mais je suis un grand timide alors devant 300 personnes… J’étais au bout de ma vie! » Ses prouesses ont intéressé et continueront certainement. « C’est impressionnant de voir des gens qui portent de l’intérêt à ce que j’ai fait, pour moi c’est normal je me dis que tout le monde devrait faire ça. » Pour lui ces gestes de secours devraient être connus de tous. Mais les formations sont souvent chères admet-il: « Même si financièrement tout le monde n’a pas les moyens il y a des tutos, des vidéos de la croix rouge par exemple et ça peut toujours être utile. Avoir Adriana Karembeu qui vous apprend à faire un massage cardiaque ce n’est pas mal! » Pour Valentin, un objectif : devenir pompier. Une chose est sûre, si vous croisez Valentin dans un moment de détresse, il saura vous venir en aide.