En deux ans, la trottinette électrique a envahi Toulouse. Un nouveau moyen de transport écologique et plutôt pratique qui peut parfois se révéler dangereux. Il est aujourd’hui difficile d’encadrer ces véhicules. Les grandes villes de France tentent de faire ce qui est en leur pouvoir en attendant une juridiction nationale.
C’est un débat électrique ! Faut-il interdire la trottinette motorisée en ville ? Une question qui se pose depuis le boom de ces nouveaux moyens de mobilités. « On voit le marché évoluer d’année en année. » Ce sont les mots de Bérangère Benoit la responsable du magasin MobilityUrban spécialiste des trottinettes électriques. Située sur la Place du Parlement dans le quartier des Carmes, cette petite boutique propose une large gamme de trottinettes électriques exposées à la vue des clients. Certains de ces engins avoisinent les 2 500 euros, munis de deux petites roues et d’un guidon ces trottinettes ressemblent parfois plus à un scooter qu’autre chose. La seule différence est qu’elles se conduisent debout sur un repose-pied, et non pas assis sur une selle. D’autres modèles sont plus abordables. En dépensant quelques centaines d’euros, tout de même, il est possible de trouver un engin plus léger et moins puissant. Dans la boutique, les clients défilent. Ils viennent pour des renseignements, l’achat d’une trottinette ou des accessoires comme un casque ou des gants. Autrefois destinée aux enfants, cette planche avec guidon et roues n’était pas rare dans les skateparks. Désormais dotées d’un petit moteur électrique, les trottinettes servent tous les jours à se rendre au travail. « À partir de 1 000 euros, vous pouvez avoir une trottinette de qualité pouvant aller à 40klm/h » assure Bérangère Benoit. Un moyen de transport pratique, peu encombrant et écologique. Un véritable succès partout en France. Paris a récemment été nommé capitale mondiale de la trottinette électrique. En province, il est également difficile de ne pas croiser ce genre d’engin dans les grandes villes. Mais la location en libre-service a beaucoup plus de mal à s’implanter. À Toulouse, l’opérateur Lime, n’est resté que le temps d’un week-end, en octobre dernier.
L’association 60 millions de piétons a rapidement fait pression sur la Mairie pour retirer ces véhicules en free-floating. « Nous avons tout de suite réagi. Nous avons dit au premier adjoint et au Maire de Toulouse que nous les tenions pour responsables moralement des morts et des blessés sur Toulouse que cela engendrerait » explique Richard Mébaoudj, le Président de l’antenne locale. Créée à l’aube des années 1960, cette association voulait protéger les intérêts des marcheurs face aux voitures, un véhicule alors en pleine expansion à cette époque. Aujourd’hui, ils font face à de nouveaux défis.
Un moyen de transport parfois dangereux
Malgré de nombreux aspects positifs, la trottinette électrique peut se révéler comme étant un moyen de transport dangereux constate Richard Mébaoudj. « On est effaré. C’est un engin qui est terrible. C’est un danger pour les piétons, mais aussi pour les utilisateurs. » Le président de l’association appui ses propos avec des chiffres recensés aux Etats-Unis « Outre-Atlantique, on compte plus de 1 500 personnes blessées à cause de ce moyen de transport. » Un phénomène qui touche également la région Occitanie. En février, à Fonsorbes, un homme a été plongé dans le coma après une chute. « La trottinette électrique n’est pas un moyen de transport dangereux, c’est le comportement des hommes qui est dangereux » estime la responsable du magasin MobilityUrban. Récemment, sur internet la vidéo d’un homme roulant à trottinette sur le périphérique parisien a fait le buzz. Il est possible de débrider certains modèles afin de pouvoir rouler à plus de 80klm/h. Une vitesse que certains scooters n’atteignent pas.
Un vide juridique
« Il y a aujourd’hui un vide juridique concernant ces nouveaux moyens de transport », assure Jean-Michel Lattes. Afin d’éviter les dérives, la ville a mis au point une charte. « La Mairie de Toulouse n’est pas opposée aux trottinettes électriques, mais nous sommes opposés à un système sauvage et non maîtrisé », explique le premier adjoint au Maire en charge des déplacements. Ce document restreint la vitesse du véhicule et interdit la circulation sur les trottoirs notamment. C’est également cette charte qui a permis l’arrêt de location en libre-service de l’opérateur Lime. Bordeaux s’est d’ailleurs aligné sur Toulouse. La loi d’orientation des mobilités est actuellement débattue au Sénat et sera votée par l’Assemblée nationale avant l’été. Elle devrait régir ces nouveaux moyens de transport.