Fin septembre, les habitants de l’allée de Brienne ont pu apercevoir quatre petits furets sur les berges du canal. Le but : déloger les rats de leurs terriers. Le dispositif s’avère indéniablement respectueux de l’environnement, mais est-il efficace, et surtout suffisant ?
L’utilisation des furets pour chasser les rats est en réalité une technique utilisée depuis l’antiquité, bien connue des professionnels. Dans la ville rose, c’est une première. Menée par Françoise Ampoulange, conseillère municipale déléguée (Animal dans la ville), avec l’aide d’une société spécialisée, l’opération est encourageante : « En 10 minutes, un seul animal a réussi à faire fuir une dizaine de rats ». Elle sera prochainement renouvelée, cette fois sur une place du centre-ville « pour un second test, dans une zone passante ».
Pour Pierre Falgayrac, spécialiste de la cohabitation entre les deux espèces, ce type d’intervention aurait peu d’impact dans une métropole comme Toulouse. « C’est une méthode intéressante pour des villes de taille moyenne », comme La Rochelle, qui a expérimenté le dispositif au printemps. De fait, « Jamais un furet n’ira dans les égouts, la chasse se limite donc à une parcelle en surface. Or le dispositif nécessite une préparation importante donc coûteuse ». Selon l’expert, Toulouse compte environ 1.7 animal par habitant, « comme dans toutes les grandes agglomérations françaises », soit près de 800 000 rats dans la ville rose. Ce chiffre remet en perspective les résultats de la chasse des furets, au vu des moyens déployés et du coût de l’opération.
« Nous menons une politique globale »
Pour le spécialiste, « Des actions curatives isolées ne servent à rien. Pour cohabiter intelligemment, l’assainissement se doit d’être réfléchi de manière globale ». La conseillère municipale tient effectivement le même discours : « Nous menons une politique complète ». Comme la législation européenne interdit désormais d’utiliser des raticides à titre préventif, d’autres options sont à l’étude : poubelles anti-rats, collecte des ordures… En ce moment, la mairie planche sur le problème des composteurs : « Les modèles actuels sont de vrais hôtels à rats. Dans les jardins publics, nous allons les remplacer par des composteurs nouvelle génération, avec des grilles en métal. Mais le problème se pose aussi avec les propriétés privées ».
Que les Toulousains se rassurent, la municipalité prend donc le sujet très au sérieux. De plus, les rats ne sont pas plus à craindre ici qu’ailleurs : aucun risque de prolifération, car les colonies de rats s’autorégulent en fonction de la quantité de nourriture disponible. Et comme le dit Pierre Falgayrac, « Si les rats avaient voulu nous envahir… pensez-vous vraiment qu’ils auraient attendu 2021 ? »