Ce 15 décembre, à 11 heures, manifestation conjointe du personnel du personnel de justice au tribunal judiciaire. Une protestation en réponse aux déclarations de la veille du Garde des Sceaux, qui défendait son bilan.
15 Décembre, Palais de Justice de Toulouse. La salle des pas perdus est calme, les paroles dans les micros résonnent et se déforment sur les murs immenses de la bâtisse. Les propos se perdent, mais l’émotion reste. Elle se sent dans la voix des intervenants et dans la posture des écoutants qui dénoncent leurs conditions de travail.
Pour la première fois de l’histoire, les magistrats tiennent un piquet de grève, des panneaux et des slogans qui scandent « JUSTICE MORTE » en lettres majuscules. À leurs côtés, des avocats et des greffiers font «acte de soutien» de par leur présence et les confortent par leurs applaudissements. Selon les organisateurs, ils sont plus de 200 au total. Des formules fortes rythment les discours des représentants syndicaux. “La justice est malade, elle est à l’agonie. Son Uberisation la déshumanise”.
Des mots vindicatifs et une scène inhabituelle qui découlent directement de la tribune des 3000 magistrats publiée dans Le Monde le 23 novembre. Un papier à charge qui, depuis, a été ratifié par plus de 4000 autres noms.
Les réclamations : recruter, humaniser et mieux réformer.
Tour à tour, les représentants syndicaux s’expriment. “Les maux sont connus depuis longtemps et les solutions existent. Les États Généraux ne servent à rien. Il nous faut davantage de moyens pour traiter les dossiers et des délais raisonnables pour le faire avec suffisamment d’attention”.
L’accent est mis sur la nécessité d’embaucher plus de magistrats et de fonctionnaires de greffe qualifiés. “Et non pas du personnel précaire et non formé”. Car, selon le communiqué des syndicats, cette “privatisation de l’institution régalienne” et ces “modifications incessantes des règles de procédure” rappellent les transformations déjà mises en œuvre dans les secteurs de l’hôpital public ou de l’éducation.
Et cela tendrait vers une mise en concurrence du personnel et une course à la rentabilité. Engendrant, de fait, des procès où les prévenus et les victimes auraient à peine le temps de s’exprimer selon le communiqué.
Le mouvement #JusticeMorte se tient également dans d’autres villes de France (Paris, Bordeaux, Montpellier…) et se prolonge sur Twitter. Mais, à Toulouse, elle fait office de comité d’accueil pour le ministre de la Justice, Éric Dupont Moretti, qui se rendra demain, le 16 décembre, à l’Université du Capitole pour un débat ouvert à tous. Dans le cadre des États Généraux de la Justice, juste après l’inauguration de la très attendue Cour administrative d’appel.