Condamné à Albi en première instance à 30 mois de prison, un jeune homme comparaissait hier à la Cour d’appel de Toulouse. Il est accusé de menaces de mort envers l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, pour avoir déposé sur Facebook en mars 2022 un commentaire équivoque.
“Dites à ce franc mac que le châtiment d’Allah arrive pour lui et tous ses semblables”. C’est pour cette phrase postée en commentaire sur Facebook qu’un jeune Albigeois comparaissait hier devant la Cour d’appel de Toulouse. Les faits remontent au 30 mars 2022 : dans la soirée, l’homme d’origine mahoraise décide de commenter sur le réseau social la photo postée d’un individu portant une kalachnikov, par un certain Samir. La photo est accompagnée de la mention “qui a l’adresse de Chalghoumi?”, sous-entendu Hassen Chalghoumi, imam de Drancy, porteur d’une vision moderne et tolérante de l’islam, mais controversée pour ses sorties médiatiques.
L’imam, sous protection policière permanente et objet de plusieurs fatwas, porte plainte dès le lendemain pour “menaces de mort via les réseaux sociaux”. Malgré la suppression de son commentaire, le prévenu est immédiatement placé en garde à vue. Jugé au tribunal judiciaire d’Albi en octobre dernier, il ne se présentera pas à l’audience. Une absence qui a dû peser dans la balance : le jeune homme de 26 ans écope de 30 mois de prison, dont 12 mois assortis d’un sursis probatoire. Son avocat Philippe Pressecq explique que son client venait de retrouver un emploi en CDI et qu’il a eu peur, “de façon stupide, mais bien compréhensible”, de prévenir son employeur pour se rendre au tribunal.
« désolé si son commentaire a été perçu comme une menace”
À la barre, le jeune homme plaide non-coupable et peine à réaliser la gravité de ses actes. La juge Martine Dubois tente de le faire réagir : “Vous savez que ce sont des Kalachnikov qui ont été utilisées au Bataclan, à Charlie Hebdo? Que ce sont des armes de guerre?” L’avocat général Hervé Lhomme rappelle que l’assassinat de Samuel Paty a été commis après des circonstances analogues. Il lui reprochera aussi son pseudonyme “Salah Al-Din”, c’est-à-dire Saladin, premier sultan d’Égypte, devenu héros du nationalisme arabe et symbole de la résistance à l’Occident. Mais le jeune Albigeois semble totalement dépassé par la situation. Il s’exprimera finalement, encouragé par son avocat Philippe Pressecq, pour dire qu’il “est désolé si son commentaire a été perçu comme une menace” et qu’il “n’est pas un radical”.
Pour maître Pressecq, qui rappelle que son client est jugé pour “menaces de mort” et non “apologie du terrorisme”, le commentaire ne peut être considéré comme montrant une volonté d’attenter à la vie de Hassen Chalghoumi. “Le châtiment intervient après la mort”, explique-t-il, “cela revient au même que d’évoquer le jugement dernier dans la religion catholique ou de dire qu’une personne ira en enfer.”
Le délibéré sera rendu le 18 avril.