L’homme à la barre a 27 ans. Originaire d’Albi, il se présente ce mardi 14 mars devant la cour d’appel de Toulouse suite à un premier jugement datant d’octobre dernier. Le jeune homme a écopé de 30 mois dont 18 ferme pour menaces de mort après avoir commenté une photo sur Facebook.
L’histoire débute le 30 mars 2022, le jeune homme tombe sur une publication Facebook qui représente une personne armée d’une Kalachnikov. Un commentaire accompagne la photo : « Qui a l’adresse de l’Imam Chalghoumi ?« . L’accusé commente d’une phrase qui lui vaudra la visite de la police. « Dites à ce Franc Mac que le châtiment d’Allah viendra sur lui et ses semblables« . L’imam en question, Hassen Chalghoumi, porte plainte le jour suivant. Ce dernier est une personnalité publique sujette à controverse. Souvent attaqué pour ses prises de position sur un islam modéré, il reçoit régulièrement des menaces, surtout depuis la publication de son livre « Libérez l’islam de l’islamisme« .
Le 22 octobre dernier, le tarnais est jugé en correctionnelle à Albi. Il ne se présente pas, « parce qu’il commençait un nouveau job, même si c’est complètement idiot, il avait peur de demander à ses supérieurs« , commente son avocat. Son absence lui porte préjudice. Il est jugé plus sévèrement encore que les réquisitions du procureur. Pour autant, il n’est pas en prison, il bénéficie de 12 mois avec sursis probatoire de 3 ans. En appel, il réfute l’accusation. « Ce ne sont pas des menaces de morts, j’ai fait ça pour rigoler, je suis désolé que cela ait été mal interprété« , se défend-il.
La juge a du mal à y croire : « Vous savez ce que c’est qu’une kalachnikov ? C’est ce qui a été utilisé dans les attentats du bataclan et de Charlie hebdo« . Le jeune homme se justifie avec difficulté « je parle du châtiment d’Allah, car lui seul peut punir. Les hommes ne peuvent pas« . Il répète que son intention était l’humour…
L’accusé s’enfonce, l’avocat s’en sort
L’avocat de Chalghoumi, Pascal Markowitcz se lève, photo de la publication à la main. « Il n’y a pas de smiley qui rigole, mais un émoji éclair. Il n’y pas d’intention de blague« . Il enchaîne : le pseudonyme Facebook du prévenu au moment de l’affaire était « Saladin », le nom du célèbre chef de guerre qui a combattu les croisés à Jérusalem. Le prévenu cafouille à nouveau. « Pour moi, c’est juste un héros, je savais pas qu’il avait combattu à Jérusalem« .
Peu convaincu par la défense naïve du jeune homme, l’avocat général fait le parallèle entre cette affaire et celle de Samuel Paty et réclame l’application de la peine. L’avocat de la défense, Philippe Pressecq se dit choqué des amalgames. « Le châtiment d’Allah fait référence à un passage du Coran : les hommes seront jugés après leur mort. C’est comme s’il avait dit « Qu’il aille brûler en enfer« . S’il avait été chrétien, il aurait dit ça et ça n’aurait choqué personne !« . L’avocat insiste : avant de débattre du contexte, il faut savoir s’il y a vraiment menace de mort. Pour lui, c’est clairement non.
La décision sera rendue le 18 avril.