Construite et exploitée pour effectuer de longs trajets, la navigation fluviale revient à la mode sur des trajets beaucoup plus courts, à l’intérieur des villes. Entre son fleuve et ses canaux, Toulouse n’y trouverait-il pas son compte ?
Périphérique bouché, métro saturé, la navigation fluviale pourrait être une alternative aux problématiques de transports. À Toulouse, la Garonne et ses canaux relient de nombreux lieux forts de la ville. Institutionnelles (conseil régional, général), économiques, sportifs (Stadium, Ernest-Wallon,)… mais aussi étudiant (université Paul Sabatier). Néanmoins, comme l’explique Henry de Roaldes, membre de l’association Riquet et son canal, la navigation toulousaine est complexe.
« Seule la navigation touristique est en cours sur le canal. Sur la Garonne, le Nord est bloqué par le Bazacle d’Engie (il est donc impossible de rallier Blagnac). Sur le canal du Midi, les écluses de Matabiau ralentissent la navigation. Vers le Sud, il y aurait des possibilités autour des quartiers universitaires et de la nouvelle Piste des Géants, mais aussi autour de l’Oncopole sur la Garonne. » Développer un réseau de transports fluviaux utilisant l’ensemble des voies navigables de Toulouse parait très complexe, malgré 17 km (8 sur la Garonne et 9 sur le Canal) de couloirs navigables dans la Ville rose, d’autant plus que sur le Canal, la vitesse est limitée à 8km/h.
Le Taxi Garonne
La solution serait donc de rallier des espaces encore plus courts, mais de manière rapide. C’est le pari qu’a tenté
Frédéric Mercadier. Il est l’inventeur du Taxi Garonne et pour la modique somme de 2 euros, il vous propose de traverser le fleuve entre les ponts Saint-Pierre et Saint-Michel. « Mon plaisir c’est de voir les bouchons du pont Saint-Michel » confiait le pilote lors du lancement de son activité, à l’été 2017, à nos confrères de La Dépêche.
En effet, la traversée de cet édifice peut prendre une grosse dizaine de minutes pare-chocs contre pare-chocs tandis que le Taxi Garonne n’est jamais encombré durant ses trajets. Séduite par l’idée, la mairie s’investit pour développer cette pratique. Dans le cadre des travaux de la voie verte reliant l’Oncopole à la Prairie des Filtres, et pour accueillir le nouveau bateau plus imposant de Frederic Mercadier, l’adjointe au maire Marie-Hélène Mayeux-Bouchard, a fait ériger un embarcadère pour les bateaux-taxis. « Du côté de l’avenue de Muret, la digue a été construite pour protéger la population, mais aujourd’hui, elle l’éloigne de la Garonne » confie-t-elle, « j’ai toujours imaginé prendre un taxi ici, pour la traverser et aujourd’hui c’est possible. En imaginant encore plus loin, à Bordeaux, il est possible de prendre un déjeuner ou un apéritif dans l’estuaire de la Garonne à la sortie des bureaux. Je vous assure que c’est apaisant ! »
Des projets sur le Canal du Midi
Plus compliqué que réaliste, se servir des cours d’eau comme nouvelle route est contraint par la vitesse, les conditions climatiques et les zones navigables ou non. Si le Taxi sur la Garonne semble viable, Toulouse y trouvera son compte grâce à ses touristes, plutôt que ses habitants. Mais Marie-Hélène Mayeux-Bouchard entend bien utiliser davantage ce moyen de transport, notamment dans le cadre des importants chantiers qui animent la ville aujourd’hui. Elle souhaite que l’affluence de matériaux, et l’exportation des gravats se fassent en bateau pour considérablement limiter la présence des camions, et de la pollution en centre-ville.
Ailleurs en Europe, les canaux sont également utilisés pour le transport de touristes, c’est le cas à Londres par exemple. Dans le plat pays, connu pour son important réseau de canaux, Bruxelles utilise le Waterbus. Ce bus des canaux relie l’hyper-centre à une extrémité de la ville. Aux heures de pointe, il met autant de temps qu’une voiture sur ce trajet conserve les avantages du bus (stationnement), en plus agréable. Peu développé encore, le Waterbus ne fait qu’un passage toutes les deux heures, et ne circule pas en hiver.