C’est la nouvelle coqueluche du street art français. Le plasticien toulousain James Colomina, adepte des installations surprises commence à se faire un nom dans l’art urbain. Entretien.
Erwan Issanchou : « L’enfant au bonnet d’âne, l’enfant d’AZF, celui à capuche, d’où sortent toutes ces idées ?
James Colomina : C’est simple, parfois je fume une clope ou je suis en train de boire un coup et des idées me viennent. Pour l’enfant au bonnet d’âne, j’étais avec ma femme et ça m’est sorti comme ça, je me suis dit que cela serait génial.
E.I : Mais pourquoi cette insistance sur les enfants ?
J.C : Je travaille beaucoup sur la manipulation des enfants en ce moment, les enfants c’est l’avenir, nous on est pourri, on est influencé par le système, par les infos. Mes messages passent beaucoup mieux à travers les enfants.
E.I : Vous n’avez pas essayé d’utiliser d’autres couleurs que le rouge ?
J.C : J’ai essayé plein de couleurs, mais je me suis retrouvé sur celle-là, car c’est la couleur qui me parlait le mieux, qui allait le mieux, la plus expressive. Je voulais me créer une identité personnelle, je cherchais une unité. Pour l’instant je n’ai pas changé. Je ne dis pas que je ne vais pas changer, mais ce n’est pas dans mes projets.
E.I : Combien de temps la création d’une œuvre vous prend-elle ?
J.C : Une œuvre prend en moyenne un mois, mais j’en fais plusieurs à la fois donc c’est assez variable. J’en commence souvent une, sauf que j’ai assez vite une autre idée en tête.
E.I : Vous installez vos œuvres dans la rue et même sur les toits, n’y a-t-il pas des risques ?
J.C : Il y a toujours des risques. Je me suis fait voler l’enfant au bonnet d’âne au pont neuf au bout d’un mois. Les policiers m’ont rappelé très vite en disant que c’était deux hommes qui me l’avaient piqué lors d’une soirée. J’étais super content quand ils me l’ont rendu. Pour éviter cela, je les colle toujours. Celle d’AZF est posée à 9m de haut, si elle n’est pas fixée elle se casse la gueule.
E.I : Une petite annonce sur vos travaux en cours ?
J.C : Je suis en train de travailler sur deux œuvres. La première, c’est un enfant du Ku Klux Klan. Il porte la tenue réglementaire, mais tiens un avion en origami dans le dos. C’est un peu comme s’il cachait une envie de s’évader. Je suis également en train de faire un enfant Pinocchio qui a coupé toutes les ficelles de la manipulation, on le tire à droite à gauche. Il faut pouvoir couper quelques cordons pour être mieux dans la vie.
E.I : Des particuliers peuvent se procurer vos sculptures, mais pour combien ?
J.C : Le petit enfant au bonnet d’âne se vend 6000 euros, j’ai une côte encore assez basse, car je viens de commencer. Lors d’un salon à Paris, la galeriste m’a dit que j’avais énormément de chance, que des artistes attendent depuis 15 ans pour être là où je suis. J’étais même marqué en second dans les noms des artistes du salon.
E.I : Vous avez publié sur Instagram une photographie de l’enfant au bonnet d’âne aux États-Unis, des envies de réussir là-bas ?
J.C : Je suis en pourparlers avec une galerie à San Francisco qui veut m’acheter trois œuvres pour commencer la collaboration, mais on ne s’entend pas sur le prix. Je ne suis pas tellement sur la vente, je n’ai pas besoin de ça pour gagner ma vie, mais il ne faut pas vendre trop bas pour la côte. »