À 50 ans, Christophe Papillon, cet ancien « para » toulousain va entreprendre en décembre la traversée de l’Atlantique, des Canaries à la Martinique. Son périple en solitaire et solidaire a pour but de soutenir les familles de ses camarades morts au combat. Tour d’horizon de ses motivations.
Sarah Mazelier : « Comment est né ce projet ?
Christophe Papillon : Il a pris forme en octobre dernier, une association d’amis a bien voulu me prêter leur bateau et je voulais faire quelque chose de symbolique pour honorer mes camarades tombés au combat. Au début, ma femme s’est demandé dans quelle aventure je m’embarquais, mais elle a compris ma démarche et la cautionne à 100 %. Je prendrais quelques photos, pour communiquer, mais le but principal, est de récolter des fonds destinés aux orphelins de ces soldats et à leur familles.
SM : Pour Peggy Bouchet, la première femme ayant fait cette traversée, la préparation psychologique représente 90 % de la mise en condition, êtes-vous d’accord ?
CP : Tout à fait. En tant que militaire, on a vu et vécu des moments extrêmement durs, le physique est une chose, mais la volonté est une garantie bien plus puissante pour nous garder en vie.
SM : Pourquoi en solitaire, en tant que « para », vous êtes en équipe?
CP : Je ne veux pas me reposer sur quelqu’un d’autre ou rejeter la faute en cas d’échec, chose que je n’envisage pas. Et d’une certaine manière, je ne serai pas seul, dans les moments durs, je penserai à mes camarades et ils m’apporteront la force et le courage d’avancer.
SM : Vous avez peu d’expérience en aviron, pourquoi avoir choisi cette discipline ? Est-ce symbolique, comme une traversée du désert ?
CP : Je suis à l’aise dans les airs et sur terre, l’océan est un challenge de plus. J’ai grandi près de la mer et sais naviguer, mais avec cette épreuve, c’est une façon de prouver que rien n’est impossible si on en a la volonté. Parcourir 5 800 kilomètres sera une belle preuve d’endurance et de se surpasser. Dans un océan déchainé, contrairement à l’armée, on ne lutte pas, il faut s’adapter aux éléments. J’ai aussi une réelle fascination pour le monde marin. Pour moi, l’océan est l’un des milieux où l’homme n’a pas tout détruit.
SM : Dans des conditions favorables, la traversée se ferait en 70-80 jours, pour combien de temps avez-vous de provisions ?
CP : 3 mois. À raison de 7 à 12 heures de navigation, il faut avoir assez d’énergie pour aller jusqu’au bout. Je préfère partir un peu plus chargé mais m’assurer que j’atteindrais mon but.
SM : Actuellement, la cagnotte est de 21 000 euros, vous avez fixé 68 000 euros, comment faites-vous pour démarcher des sponsors ou mécènes ?
CP : Parmi eux, il y le 35e régiment d’artillerie des parachutistes, entraide parachutiste, la fédération Tégo et Escouade 77, forcément en rapport avec l’armée, ils sont sensibles au projet et m’aident. J’ai contacté le prince de Monaco, qui a participé pour la dimension nautique, et quelques enseignes séduites par la notion d’aventure de mon périple, j’espère encore de nombreux partenariats.
SM : Le départ se fera en décembre. Cet été, vous allez faire la traversée Toulon-Ajaccio pour vous préparer, ce ne sont pas tout à fait les mêmes conditions ?
CP : Non, mais c’est un bon entrainement sur 5-6 jours et une manière de sensibiliser plus de sponsors. Après la traversée de l’Atlantique, nous avons pour projet, ma femme et moi de faire le tour du monde en catamaran. Ces expériences vont certainement me permettre d’avoir plus d’expérience et mieux appréhender les choses. »