Il est l’une des voix du football français. Troisième dans la hiérarchie des commentateurs de football de Canal+, Sébastien Dupuis quitte la chaîne cryptée après quinze ans passés à prêter son talent au service des sports. Le journaliste originaire de Villeneuve-Tolosane revient sur sa carrière et sur son nouveau rôle de directeur des sports de la chaîne Via Occitanie. Entretien.
Soledad Arque-Vazquez : « Vous avez passé quinze années au sein de la rédaction des sports de Canal + en tant que journaliste/ commentateur. Pourquoi avoir décidé de partir ?
Sebastien Dupuis : J’avais depuis quelque temps envie de revenir dans ma région et dans ma ville. Même si à Canal + j’avais le job de ma vie, on m’a présenté Via Occitanie, un projet qui me ressemble, ambitieux et plein de valeurs. J’en suis tombé amoureux.
S.A-V : Vous êtes un enfant de Canal +…
S.D : J’ai toujours vécu avec la chaîne. Mon père faisait partie des premiers abonnés. Depuis que j’ai quinze ans, j’ai toujours eu l’idée d’être commentateur et journaliste football à la télé et à Canal. J’y suis arrivée après avoir effectué ma licence de droit à Toulouse. J’ai fait deux années en école de journalisme à l’EDJ de Nice où j’ai été en contact avec le directeur des sports de l’époque, Karl Olive. Pendant deux ans, je l’ai harcelé pour intégrer la rédaction et j’ai réussi à avoir un stage d’un mois à l’été 2003. Je ne suis plus jamais reparti.
S.A-V :Vous rappelez vous d’un moment marquant du début de votre carrière ?
S.D : « Mon premier match commenté, c’était en cabine à Paris alors que je n’étais encore que stagiaire. C’était pour la rencontre qui opposait la Lazio Rome à l’Inter de Milan. Une première qui m’a beaucoup marqué. J’étais seul à la rédaction, le journaliste qui devait commenter le match était malade, on m’a donné ma chance. J’ai vraiment pris conscience que je commençais à réaliser mon rêve lors de mon premier match commenté à l’extérieur à Lorient.
S.A-V: Quel est votre plus beau souvenir en tant que commentateur ?
S.D : Il y en a eu deux. Mon premier grand moment, c’était lors de la qualification de Toulouse en tour préliminaire de Ligue des Champions contre Bordeaux et ce scénario rocambolesque avec le triplé d’Elmander. A peine fini le commentaire du match, j’ai lâché mon casque pour filer vers les vestiaires fêter la victoire avec les Toulousains. Le deuxième moment, c’était pour le maintien du TFC face à Angers et le but à dix minutes de la fin de la rencontre de Yann Bodiger. Je suis devenu fou.
S.A-V: Vous êtes donc fervent supporter du TFC…
S.D : Je suis d’une objectivité absolue quand je commente, mais mon cœur reste toulousain.
S.A-V: Êtes-vous parti de Canal + sans regret ?
S.D : Je n’ai pas hésité une seule seconde. Je n’ai jamais de regrets, c’est un de mes principes. Tout ce que je fais est réfléchi. J’étais le commentateur numéro 3 de la chaîne en Ligue 1, une des voix du football en France, mais il était temps pour moi de passer à autre chose.
S.A-V: L’arrivée de Vincent Bolloré et les changements effectués au sein de la rédaction ont-ils influencé votre décision ?
S.D : Canal + a beaucoup changé depuis plusieurs années. Je n’étais plus en accord avec tout. Il s’est installé une fragilité dans mon amour pour Canal.
S.A-V: Via Occitanie devrait être lancée ce 28 septembre. Quelles sont les grandes idées de la chaîne et comment allez-vous traiter les sujets sportifs sans les droits TV de Ligue 1 et du TOP 14 ?
S.D : C’est une chaîne qui sera régionale. Ce sera la première chaîne locale télé en continu. Le sport sera l’un des piliers fondamentaux avec la culture, l’économie et les initiatives. Tout tournera autour de la revalorisation des territoires. Nous allons accompagner et raconter les belles histoires non traitées par le direct. Nous voulons être fort partout, ailleurs, les droits TV ne devraient pas nous poser problème. Le sport féminin sera l’un de nos grands axes dans notre projet sportif avec le rugby. Nous voulons être un véritable relais entre l’information et les téléspectateurs, avec un journalisme bienveillant qui traite justement l’information loin de cette culture du buzz.
S.A-V: Envisagez-vous un jour de revenir à Canal + ?
S.D : Je ne suis pas un homme de virgule, mais un homme de point final. Cependant, il ne faut jamais dire jamais. Je m’estime chanceux et heureux d’avoir effectué cette magnifique expérience. Ce n’est plus dans mon plan de carrière, mais si un jour le projet me parle à nouveau et que l’on revient me chercher, je pourrais revenir. Canal + c’est ma maison. »