Hier, tous les syndicats de la fonction publique sont descendus ensemble dans la rue. Une première depuis 2010. Malgré toutes ces fortes mobilisations, le gouvernement ne semble pas revoir sa position. La grève et les manifestations semblent être les derniers recours à cette situation.
C’est un dialogue de sourds qui s’installe entre le gouvernement et les syndicats. Chacun campe sur sa position. Malgré les grèves et les manifestations, rien ne bouge. Dans toute la France, une nouvelle journée de mobilisation se tenait le 22 mai. À Toulouse, le rendez-vous était donné à 14 h à la sortie du métro Saint-Cyprien. Les camions des forces de l’ordre sont postichés, prêts à intervenir. Les manifestants arrivent au compte-goutte. À cette heure-là, on compte autant de CRS que de membres des différents syndicats présents. Bernard Deswarte, membre du secrétariat départemental de la FSU, est déjà là. Il est aujourd’hui ici parce que « c’est une journée nationale d’action intersyndicale pour la défense de services publics, de ses personnels et de ses statuts. Étant donné que la FSU syndique dans la fonction publique, on est partie prenante de cette journée d’action. Elle est nationale donc évidemment, nous sommes présents ».
À quelques mètres de là, sur l’allée Charles de Fitte, des camions sont garés en double file. On comprend qu’ils feront partie du cortège qui s’apprête à partir. Ces véhicules sont tous porteurs de messages pour la CGT, FO, la CFDT ou encore le PCF. Les quelques personnes autour sont peu à peu englouties par la foule qui arrive. Cependant, le bruit est couvert par les sonos des camionnettes qui proposent différentes ambiances. On peut entendre du Amel Bent comme le chant de révolte italien « Bella Ciao ». Avec ces musiques se mélangent les coups de klaxon des automobilistes qui souhaitent circuler. La chaussée est peu à peu inaccessible pour les voitures qui ne font pas partie du cortège. Parmi les manifestants, on compte de nombreux fonctionnaires comme des enseignants à l’image de Frank Calmels qui n’est pas « content de perdre 80 euros de son salaire aujourd’hui. Nous avons beau expliquer au gouvernement et à la population qu’il faut embaucher des fonctionnaires et ne pas en supprimer. Pour l’instant, on ne nous entend pas. Si ça continue, je ne sais pas ce qu’on va faire ». Les fonctionnaires sont descendus en masse dans la rue afin de protester. Les motifs sont nombreux : suppression de postes, salaire, statut, solidarité avec les cheminots. La majorité d’entre eux estime ne pas être entendue par le gouvernement.
La grève, un des moyens de pression les plus efficaces
Il est 14h30 lorsque la marche commence. Le cortège traverse rapidement le pont des Catalans avant de rejoindre le boulevard Lascrosses. La grève et la manifestation restent les moyens de pression les plus utilisés par les syndicats bien que la CFDT préfère d’abord installer un dialogue. Audrey Gonzalez, déléguée syndicale de Haute-Garonne, porte une chasuble aux couleurs de la CFDT. Elle explique que « C’est une réflexion qu’on mène en interne. Pour nous, le moyen de lutter est dans les négociations, dans les discussions. » Il existe donc d’autres alternatives à la grève. Mais la CFDT estime être face à un mur. « Quand on a un gouvernement qui n’est pas prêt à discuter ou à écouter, au bout d’un moment, on finit avec un rapport de force dans la rue. Ce qui pour nous, n’est pas une fin en soi, mais c’est une étape pour après peut être revenir autour de la table ».
Alors que la manifestation se poursuit sur le boulevard de Strasbourg. Les représentants de différents syndicats sont en tête de cortège. Tous arborent leurs couleurs sur des drapeaux qu’ils brandissent. Cédric Caubère est secrétaire de la CGT 31. Il pense que ce procédé a déjà fait ses preuves. « En mai 68, les salariés ont gagné 35 % du salaire minimum par les grèves, et par les manifestations. Cette augmentation a été gagnée sous un gouvernement de droite, dur, et qui disait ne rien vouloir lâcher sur rien. Ce qui est la preuve que quand les salariés sont mobilisés à la fois au travail et quand ils manifestent dans les rues, c’est utile, et ça fait progresser toute la société ».
Le cortège se disperse vers 16 h devant le monument aux morts. Au total, plus de 130 manifestations étaient programmées en France. À Paris 16 400 ont défilé, à Toulouse 20 000 selon les syndicats et 3 500 selon la police. Une nouvelle journée de mobilisation devrait avoir lieu le 26 mai.