Journaliste politique, journaliste sportif, ou reporter de guerre, ils ne voient pas le « sésame » de la même manière. Selon la spécialité du journaliste, sa nécessité diffère.
« C’est une tranquillité d’esprit, ça facilite les accès. Mais si je ne l’ai pas, je trouverai des solutions » explique Simon Marty journaliste politique. Il a créé sa radio sur les institutions européennes. Toutes les semaines, il fait face aux hommes et femmes politiques, notamment au Parlement Européen. Pour certains, elle n’est pas d’une grande utilité pour travailler. Le sésame ouvre donc des portes. Anthony Bernat, lui, est journaliste à La Dépêche, aux sports. Il n’a pas la carte de presse, mais il réfléchit à en faire la demande. « Pour se faire accréditer, c’est plus facile. Mais quand on travaille pour un média, on n’en a pas forcément besoin ».
D’ailleurs, Simon Marty avoue ne pas s’en servir quotidiennement : « Parfois je sors, sans ma carte. Avec le matériel sur le dos, à 98% ça passe ». Sur le terrain donc, pas toujours besoin d’avoir la carte de presse. Anthony Bernat fait le même constat : « Jusqu’ici, ne pas l’avoir ne m’a jamais empêché de travailler. J’ai toujours réalisé les articles ou reportages que j’ai voulu faire. Pour me faire accréditer dans les stades, j’ai réussi à me faire connaitre », assure-t-il.
« La carte de presse ne fait pas le journaliste »
Le sésame n’est donc pas obligatoire pour travailler correctement, mais, ne pas l’avoir peut faire perdre du temps : « Jamais un homme politique ne m’a déjà demandé la carte de presse. C’est surtout les forces de l’ordre qui peuvent vous embêter », commente Simon Marty. « La semaine dernière, j’ai été à la ZAD. Sans la carte de presse, impossible de passer le barrage. Certains de mes collèges ont été arrêtés là », s’agace-t-il. Et de rajouter : « J’ai toujours estimé que ce n’était pas la carte de presse qui faisait le journaliste ». Simon Marty, évoque même la possibilité de s’en passer : « Sincèrement, je pourrais bosser sans. Mais je perdrais du temps dans mes démarches dans le sens où j’obtiendrais quand même mes accréditations sans la carte. Mais c’est de la paperasse supplémentaire».
« L’avoir serait surtout une reconnaissance », avoue le journaliste sportif. « À la rédaction, ils sont six ou sept à avoir la carte de presse. Ça m’ouvrirait des portes là où je ne suis pas encore connu, mais je me suis créé mon réseau sur la région toulousaine sans la carte de presse », rajoute-t-il.
Mais il existe un domaine où il est difficile de travailler sans carte de presse : reporter de guerre. Florence Aubenas, grand reporter au Monde, et ex-otage en Irak, défend le droit à l’information. Dans une interview au club de la presse de Strasbourg, en décembre 2013, l’ex-otage en Irak raconte : « On affichait des autocollants et des brassards « presse » (…) J’ai vu des gens nous faire passer aux checkpoints en Afrique à des endroits très dangereux et lever les armes quand on passait ». Ces étiquettes et brassards sont fournis par la Commission de la Carte de Presse française. Même si cela n’assure pas une protection sûre du journaliste, elle lui permet de réaliser son travail.