L’association toulousaine Bois&Cie voit sa notoriété grandir peu à peu, notamment grâce à ses habitats modulables. Derrière ce succès en devenir, l’association créée en 2005 contribue à l’économie sociale et solidaire en s’appuyant notamment sur plusieurs problématiques d’actualité : le mal-logement, l’écologie, et l’insertion professionnelle. Explications.
Une maison installée dans les Alpes, une seconde dans le quartier de Paléficat, et une autre en construction près de la gare Raynal… les habitats modulables de l’association toulousaine Bois&Cie commencent à se faire connaître ! Si ces installations boisées constituent aujourd’hui la principale activité de l’association, tout est parti d’un projet collectif. « Depuis le départ, nous sommes centrés sur le partage des savoir-faire autour du bois », explique Estelle Guimbretière, chargée de communication de Bois&Cie. Depuis ses débuts en 2005, l’association organise des formations pour apprendre à fabriquer divers objets en bois, avec des matériaux de récupération (palettes), façon MacGyver : tables, lits, cahutes de jardin voire même des « boîtes à lire » installées un peu partout en ville.
Des habitats pour les personnes en situation précaire
Et depuis 2015, c’est donc sur l’habitat modulable que mise l’association : « On est partis d’un double constat : d’une part les personnes en insertion ont souvent une problématique de logement, et d’autre part beaucoup de communes ont des terrains disponibles. L’idée, avec ces habitats modulables, c’est qu’ils répondent à une demande urgente et peuvent être installés provisoirement, puisqu’ils n’ont que très peu d’impact sur le sol (les maisons sont installées sur pilotis, ndlr) ». Alors, l’association travaille avec, pêle-mêle, des bailleurs sociaux, des particuliers, des collectivités locales… « Cette année, une maison a été commandée par la mairie de Toulouse et ce sont des jeunes sans-abris qui vont loger dedans. Il y a également une installation prévue pour la SNCF qui accueillera des bureaux. Et on travaille actuellement sur un projet à destination des personnes âgées dépendantes, l’idée étant d’installer la maison sur le terrain de l’aidant », ajoute Estelle Guimbretière. Notons que si, au début du projet, l’association utilisait uniquement du bois récupéré, elle s’approvisionne désormais dans une scierie tarnaise, dans un souci de productivité. « Ce qui n’empêche en rien de faire des chantiers propres : les chutes de bois, par exemple, sont mises à disposition de l’atelier, et les copeaux, pour les toilettes sèches ! On revalorise un maximum de choses ».
Des salariés en insertion
Économie sociale et solidaire, vous avez dit ? En matière d’utilité sociale et de solidarité, on pourrait dire que Bois&Cie vise déjà dans le mille. Mais l’association ne s’arrête pas là : les salariés qui travaillent à la fabrication des différents modules des maisons, dans l’atelier situé dans le quartier Patte d’Oie, sont tous en insertion professionnelle. L’association, qui bénéficie d’aides aux postes payées par l’État, peut aujourd’hui se targuer d’employer 14 équivalents temps plein, engagés pour une période allant de quatre mois à deux ans. « On est conventionnés par l’État comme Atelier Chantier d’Insertion, et on emploie donc des personnes très éloignées de l’emploi. Certains sont mis en relation avec nous par le biais de Pôle Emploi. Dès l’arrivée d’un salarié, on fixe des objectifs, et nous avons une conseillère en insertion professionnelle qui effectue un suivi des salariés au cas par cas. Comme tout le monde n’a pas les compétences pour travailler le bois, on propose également des formations grâce à nos encadrants techniques. On travaille d’ailleurs sur un certificat de qualification professionnelle pour l’ensemble des employés ». Avec des profils très différents, les âges des salariés allant grosso modo de 25 à 50 ans, et des situations également variées, des dettes aux addictions en passant par des problèmes de santé, « l’idée est de permettre à ces personnes de retrouver des compétences, et de se remettre dans des conditions de travail afin de favoriser un retour à l’emploi durable. On ne fait qu’augmenter notre nombre de postes, on a une vingtaine de personnes différentes sur l’année. Là où on est critiquables, c’est que nous n’avons que 40 à 50% de sorties positives », précise la chargée de communication. Dans un contexte que l’on connaît compliqué, c’est toutefois une initiative louable.