C’est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre. La future Tour Occitanie, dont la construction devrait s’achever en 2022 est loin de faire l’unanimité parmi les toulousains. Et pour ne rien arranger, une étude menée par l’association Chalets-Roquelaine a dévoilé que cette immense tour de verre allait plonger une bonne partie de la ville dans l’obscurité.
Noir c’est noir … mais pour les toulousains, il y a encore de l’espoir. Lors de l’annonce soudaine du futur gratte-ciel de Toulouse – par le maire de la Ville, Jean-Luc Moudenc – la surprise avait été de mauvais goût pour une bonne partie des habitants. Prévu pour prendre racine dans le quartier Matabiau, près de la gare, ce building de verre et d’acier de 150 mètres de haut va faire de l’ombre à la Ville, littéralement. C’est La Gazette des Chalets – le journal de l’association Chalets-Roquelaine – qui a mis le doigt sur le problème : «Il n’y a jamais d’ombre dans les images alléchantes des promoteurs immobiliers» précise-t-elle dans l’un de ses numéros.
Qu’à cela ne tienne, une étude a été menée pour déterminer quelle serait l’étendue de l’ombre portée de la Tour Occitanie et les résultats sont surprenants. Par quelques calculs savants de trigonométrie, la projection a dévoilé que certains quartiers, proches de la tour, vont perdre jusqu’à 90 minutes d’ensoleillement par jour. Alain Roy est membre du comité de quartier et auteur de l’étude : «Il existe un logiciel qui permet de connaitre pour tous les jours et heures de l’année la position du soleil à un point donné. Il suffit donc de rentrer l’endroit où nous sommes et le logiciel donne l’orientation du soleil et sa hauteur pour pouvoir projeter l’ombre» explique-t-il.
Une obscurité qui inquiète
C’est lors d’une réunion publique que deux habitants ont soumis l’idée d’étudier la portée de cette ombre : «Au moins deux personnes se sont inquiétées car elles vivent non loin de la tour» précise Alain Roy. Près de 10.000 toulousains seraient concernés par la projection de cette ombre, dont Martine. A 74 ans, elle vit dans un petit appartement près de la place Roquelaine et ne conçoit pas que l’on puisse lui voler son soleil : «Je viens de Lille et j’ai déménagé dans le sud pour passer ma retraite au soleil … Satanée tour !» peste-elle. Cette riveraine a toutes les raisons d’être en colère puisque la place Roquelaine devrait accuser une perte d’ensoleillement quotidien compris entre 26 et 45 minutes si l’on en croit l’analyse de La Gazette des Chalets.
Depuis l’annonce de sa construction, de nombreuses associations et riverains se mobilisent contre cette Tour, qui détonne quelque peu dans le paysage : «On dirait un suppositoire géant ! Ca va gâcher toute la beauté de notre jolie ville et en plus, nous plonger dans l’obscurité» s’exclame Joël, qui habite Toulouse depuis plus de 20 ans. Mais avec les problèmes de pertes d’ensoleillement que pourrait générer la Tour Occitanie viennent s’ajouter d’autres problématiques écologiques : «Tout ce qui est gratte-ciel provoque aussi des ilots de chaleur, c’est très énergivore» explique Richard Mébaoudj, président et porte-parole du Collectif Non au Gratte-ciel de Toulouse. Il habite aussi Toulouse et vit à 30 mètres de l’espace prévu pour l’ombre portée mais il ne perd pas espoir : «Les choses commencent à bouger, mais les gens ne sont pas assez informés où ne croient pas au projet. Certains sont même résignés alors que la résistance est tout à fait possible». En attendant de sortir de l’ombre, le permis de construire de la Tour Occitanie devrait être déposé d’ici quelques jours, dès que la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture aura rendu son avis sur le projet.